Bonjour !
Laissez-moi vous raconter une histoire… Il était une fois, dans un temps pas si lointain, un homme et une femme qui venait de donner naissance à un tout petit bébé. Surprise ! Il ne fallait pas le toucher, ou uniquement d’une manière bien particulière à laquelle ils n’auraient jamais pensé. Leurs élans spontanés qui pourtant leur semblaient plus justes et surtout que leur bébé semblait apprécier étaient dévalorisés par l’entourage. La mère ne devait pas le nourrir comme elle le désirait, mais comme d’autres lui avaient montré. Ils découvrirent aussi que tout le monde semblait en savoir plus long qu’eux sur ce qu’eux-mêmes et leur enfant devaient ressentir, aimer et savoir. À la fin de cette histoire, la mère, le père et le l’enfant, ne savaient plus rien faire seuls. Quand, par hasard, ils se rendaient compte qu’ils faisaient quelque chose sans savoir pourquoi, ou sans que cela vienne « d’une-personne-qui-sait », ils prenaient peur et retournaient vite dans le rang, achetaient un livre, regardaient des vidéos sur le sujet et consultaient des spécialistes.
Cette histoire vous rappelle quelque chose ?
1. Le 5e accord toltèque pour les parents
« Soyez sceptique, mais apprenez à écouter ». Dans le domaine qui nous intéresse ici, je vous conseille de suivre ce concept ; en d’autres termes, écoutez les avis des uns et des autres, écoutez votre propre ressenti et faites un choix en conséquence. J’en parle plus longuement dans un des textes bonus. Sachez que cela vaut aussi pour ce que vous allez lire ici.
Je précise que je vais parler, en partie, d’allaitement via le sein, car c’est par cette alimentation que les réflexes de l’enfant vont le plus se manifester. Par contre, je reste persuadée que le type d’alimentation du bébé est un choix de la mère. Rien ni personne ne devrait amener une femme à adopter l’alimentation au sein si elle ne le souhaite pas.
2. Le regard, miroir de l’âme
En psychomotricité, nous avons un petit faible pour les échanges de regards entre l’enfant et son entourage. À la naissance, l’enfant ne voit qu’à une vingtaine de centimètres . C’est-à-dire qu’au-delà de ces 20 cm, il voit du flou, des formes, des couleurs, cela est plus facile quand il y a du mouvement, mais pas beaucoup plus. Lorsque vous donnez à manger à votre enfant, que cela soit par biberon ou par le sein, votre visage est à peu près à la distance optimale pour que votre bébé vous voie bien.
Vous remarquerez alors peut-être que votre enfant va garder les yeux fixés sur vous et ne plus vous lâcher. Il/elle semble hypnotisé. Cela peut sembler bizarre et peut mettre mal à l’aise au début, mais c’est , au contraire, très bon signe. Je vous invite d’ailleurs à toujours profiter des repas pour partager ces moments d’intimité avec votre bébé.
3. Pourquoi est-ce si important que les regards de l’adulte et du bébé se croisent et s’accrochent pendant l’allaitement ?
Au début, votre enfant évolue dans un monde flou et sans forme. Sa vue ne devient mature qu’entre 3 et 5 ans ! Avec une amélioration progressive tout de même. De plus, il/elle n’a pas la maturité neurologique nécessaire pour comprendre le monde dans lequel il/elle évolue. J’en parle ici plus longuement, mais il a une compréhension essentiellement sensorielle de ce qui lui arrive.
Or, quand vous regardez votre enfant, vous le faites exister d’une autre manière. Il/elle se voit dans vos yeux ; faites l’expérience, entre adultes; que se passe-t-il en vous si votre partenaire ne vous regarde pas quand vous lui parlez ? Arrivez-vous à vous faire une idée de ce qu’il/elle pense juste par le regard échangé ?
Pour votre enfant, c’est la même chose, même s’il ne peut pas encore mettre des mots sur ce qu’il/elle ressent. Si vous lui donnez à manger en regardant votre téléphone, ou en regardant quelqu’un d’autre, vous empêchez cette perception de soi et ce lien de se former.
4. Réflexes et allaitement
Nous naissons Cro-Magnon – pour ceux et celles que cela surprend, je vous invite à lire le bonus. En tant que bébés Cro-Magnon, nous avons des connaissances innées pour nous nourrir. Ces capacités se manifestent spontanément lorsque tous les éléments requis sont présents. C’est ce que l’on appelle des réflexes. En ce qui concerne l’allaitement, ces réflexes sont spécialement conçus pour l’allaitement au sein – normal, il n’y avait pas beaucoup de biberons au temps des Cro-Magnon…
La condition nécessaire à l’activation des réflexes de tétée optimale est le contact du corps de la mère sur toute la partie ventrale de l’enfant : pieds, jambes, buste, bras, visage. Ou, pour dire autrement, le fait que le bébé soit en contact frontal avec sa mère ; que son installation soit quasiment allongée , semi-debout ou en biais. La position privilégiée, par la plus part des mamans, semble être celle semi assise (ou semi-couchée!), surtout pour un nouveau-né : lorsque la mère est allongée complètement, le bébé est en quelque sorte « écrasé » par la gravité et les mouvements issus de ses réflexes sont entravés. Si la position de l’enfant est verticale, les réflexes ne sont pas tout à fait enclenchés. En revanche les modifications de postures sont plus largement possibles (et bienvenues) lorsque le bébé est un peu plus mature et surtout que tout le processus de l’allaitement est bien enclenché et stabilisé.
Attention ! La mère doit toujours se sentir confortablement installée. Si elle n’est pas à l’aise dans son corps, il y a peu de chance que le moment d’allaitement soit agréable pour elle et l’enfant. C’est aussi pour cela qu’il n’y a pas vraiment de position miracle lors de l’allaitement. Il s’agit d’un dialogue entre la mère et le bébé. Et chaque dialogue est différent, à chaque instant et entre différentes personnes.
5. Bébé qui tête fait des choses étranges …
Lors d’une alimentation que j’appelle « réflexe », l’enfant va avoir de nombreux gestes et mouvements qui peuvent sembler étranges ; patouiller le sein comme le ferait un petit chat, amorcer des mouvements de reptation… Ces gestes sont tous là pour aider l’enfant à trouver le sein, à faciliter la lactation et l’absorption du lait ; je vous encourage vivement à laisser les gestes de votre enfant s’exprimer librement pendant les tétées – et à lui couper les ongles…
Je profite de ce chapitre pour vous informer que la mère a aussi des gestes et comportements réflexes à l’égard de son enfant au moment de la tétée. Comme tout réflexe, leur activation dépend de situations bien particulières qui peuvent varier d’une personne à l’autre. Certaines mamans seront plus à l’aise semi-allongées, d’autre simplement légèrement en arrière. Écoutez-vous. Testez. Faites des essais avec votre enfant, vous finirez par trouver ce qui convient à tous les deux.
Une dernière chose, un des éléments déclencheurs du réflexe de bien-être, dû à la libération d’ocytocine, est l’échange de regards mère/bébé quand l’une et l’autre sont confortablement installés. À méditer.
Des questions, des interrogations ? Laissez un commentaire !
Aurélie