Bonjour !
Continuons sur notre lancée de la semaine dernière et explorons les désirs d’un bébé de 0 à 3 mois.
Le mot « désir » vient du latin « desiderare » qui signifie « regretter ». Désirer est donc regretter de ne pas, ou plus, avoir quelque chose.
1- Dans le cerveau d’un nouveau-né, …
Toute la partie « nouvelle » du cerveau – le néocortex – est encore immature et continue de se développer. Concrètement, cela veut dire que :
- L’enfant vit entièrement dans le présent.
- Il/elle n’a qu’une mémoire à très très très court terme.
- Il/elle rencontre le monde dans lequel elle/il vit uniquement par ses sensations.
- L’enfant ne fait pas de différence entre une sensation et son être ; une bonne sensation le/la fait être bien dans son intégralité. Une sensation désagréable le/la fait être mal.
L’enfant ne peut donc pas être dans une sorte de manipulation de son entourage. Il/elle ne sait que mettre en place des actions à sa portée – très limitées à cet âge – pour amener une personne extérieure à répondre à ses besoins vitaux – et le besoin de câlin est un besoin vital !
2- … Quand un inconfort arrive,…
À cause de cette immaturité cérébrale, de sa très faible mémoire et du peu d’expériences vécues , un bébé qui ressent un inconfort ne comprend pas ce qui lui arrive. Dans le meilleur des cas, l’information « inconfort » – et encore, la formulation est beaucoup plus élaborée que ce qui arrive à la conscience du bébé – commence à clignoter au bord de sa conscience.
Si l’inconfort est dû à de la faim, de la fatigue, de la peur… l’intensité de la sensation va grimper tant que l’action adaptée ne sera pas mise en place : manger, dormir, être rassuré… Et comme l’enfant ne connaît pas encore l’origine de son malaise, il/elle ne peut pas en informer la ou les personnes qui s’occupe(nt) de lui/elle.
Son inconfort va donc rester invisible jusqu’au moment où la sensation se transforme en douleur.
« Isabelle Filliozat: “Au Coeur des Émotions de l’Enfant” » et « Isabelle Filliozat “Émotions et crises de rage à la lumière des neurosciences” » éclairent bien le sujet !
3- … Sans possibilité de savoir que l’apaisement est pour bientôt,
Physiologiquement, lorsque l’intensité d’un inconfort dépasse un certain seuil, la sensation désagréable se transforme en sensation de douleur. Cela est valable à tout âge.
Ce qui complique encore plus les choses pour un tout-petit, c’est que l’enfant n’a pas la possibilité cognitive d’attendre. Rappelez-vous, un petit enfant vit dans le présent. La notion du temps est très longue à se mettre en place, un enfant de 2/3 ans n’a que vaguement une idée du passé et du futur alors, imaginez un enfant de 3 mois.
Vivre dans le présent permanent a ses avantages, mais quand on se sent mal, sans savoir pourquoi, sans savoir quoi faire pour aller mieux et pensant que notre état va durer toujours… Il y a de quoi hurler « au secours », que l’on n’est pas d’accord et pas content(e).
« Ronald G. Barr « Les pleurs et leur importance pour le développement psychosocial des enfants » – article du Cairn » peut vous donner des pistes intéressantes.
4- … un sentiment d’urgence qui envahit tout…
- Bon à savoir : un enfant de 0-3 mois qui pleure a toujours une raison valable pour cela.
- Bon à savoir bis : Un enfant de cet âge s’arrête de pleurer à partir du moment où l’intensité de son inconfort est descendue à un seuil acceptable.
- Point de repère : plus un nouveau-né pleure fort, plus son inconfort est grand.
- Histoire de compliquer la tâche : un pleur trop/très prolongé provoque la sécrétion d’hormone de la douleur. L’enfant a alors véritablement mal. Il/elle peut se retrouver à pleurer parce que pleurer fait mal… D’où l’idée de ne pas laisser pleurer les bébés !
PS : Il est parfois difficile de savoir pourquoi un enfant pleure. En fin de journée, il peut « simplement » s’agir d’un trop-plein d’émotions emmagasiné dans la journée et un besoin de décharger ses tensions. Câliner son enfant pendant qu’il/elle hurle peut relever d’un véritable défi… Vive les bouchons d’oreilles ! Je vous conseille aussi d’aller voir cet article sur les pleurs. Même s’il peut paraître décourageant de devoir chercher pourquoi un enfant ne va pas bien, il faut savoir que petit à petit, vous comprendrez de mieux en mieux les pleurs de votre enfant – votre enfant va d’ailleurs lui/elle-même mieux comprendre ce qui lui arrive et modifier ses pleurs pour vous « dire » ce qu’il lui faudrait.
5- … déclenche l’expression d’un besoin vital !
Pour schématiser ce que je viens de vous dire, voilà ce qui se passe dans la tête d’un tout-petit enfant : étapes qui vont l’amener à exprimer un « désir »- la partie en vert est complètement en dehors de la conscience de l’enfant :
- Tout va bien
- Tiens, quelque chose a changé
- Heu… ça va un peu moins bien
- … ça ne va pas
- Ça ne va vraiment pas
- AïïÏÏÏÏÏÏÏËEEEEE !!!!!!!
- AU SECOURS !!!!!
- JE MEURS !!!!!
- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!
- &~;:#{[|^@]}= ———————————————–
Histoire d’insister encore un peu, je vous propose de lire, dans l’ordre et à la suite, les titres constituant cet article. Cela représente LA phrase à connaître quand nous sommes en présence d’un nouveau-né exprimant un « désir ».
« Les pleurs, vidéo » et « Dr Catherine Gueguen « Faut-il laisser pleurer mon bébé la nuit ? » » pourraient vous intéresser.
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Aurélie