Ça y est, votre enfant se met debout tout.e seul.e et vous le/la voyez déjà en train de faire ces premiers pas !
Vous vous imaginez en train de lui tenir les mains pour lui éviter les chutes.
Vous envisagez d’acheter un trotteur ou un Youpala.
Vous vous questionnez sur la manière de réaménager la maison pour éviter les accidents.
Mais voilà, tout cela est-il souhaitable ?
Je vous propose ici un petit guide pour bien accompagner les débuts de la marche de votre enfant !
1 – Toujours respecter le rythme de l’enfant !
Toujours respecter le rythme de l’enfant est la règle d’or à suivre dans tous les domaines de ses apprentissages, dont la marche !
Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose, ce serait celle-ci. Les enfants apprennent à leur rythme, c’est-à-dire qu’ils et elles vont, petit à petit, faire ce que leur corps est en capacité de faire. Donc, si vous aidez un enfant à se mettre debout, vous risquez d’accélérer le processus alors que la musculature de l’enfant n’est pas encore prête !
Cela peut engendrer des difficultés pour la suite de son développement tant au niveau moteur que psychique, notamment en rendant certains réflexes archaïques de bien se « ranger ».
2 – Respecter les postures physiologiques
Il est assez rare de voir des adultes marcher avec les bras en chandelier – c’est-à-dire levés à 90°. Non seulement cela est fatigant, mais cela réduit aussi l’équilibre.
Tenir les mains de l’enfant, lui maintenant les bras en l’air, est une fausse bonne idée. Nous avons l’impression que cela l’aide à se sentir en confiance et donc à se lancer dans la marche. C’est souvent vrai. Mais en contrepartie, nous lui offrons de fausses informations. Un peu comme les enfants qui roulent avec les petites roues du vélo et qui doivent apprendre l’équilibre du deux roues quand on les enlève. Alors que les enfants qui ont fait de la draisienne ont déjà expérimenté l’équilibre nécessaire pour avancer en vélo.
Mieux vaut attendre que l’enfant se sente suffisamment à l’aise avec son propre équilibre pour se lancer seul.e. Si vous voulez sécuriser ses premiers pas, vous pouvez toujours mettre vos mains à quelques centimètres de sa taille et le rattraper en cas de déséquilibre dangereux. J’insiste sur le terme « dangereux », car la chute fait partie intégrante des apprentissages. Laisser chuter un enfant quand cela est OK pour sa santé lui rend service !
3 – Porter une attention particulière aux chaussures
La question des chaussures se pose souvent au moment où l’enfant commence à marcher. Sentir ses pieds et ses orteils bouger sur le sol est vraiment apportant à ce niveau d’apprentissage. Il est donc vivement conseillé de laisser les enfants le plus souvent possibles pieds nus –même sans chaussettes ! Quand cela n’est pas possible, vous pouvez choisir des chaussures avec les semelles les plus souples et fines possibles !
4 – Adapter l’environnement
Deux nouveautés vont apparaitre en même temps que votre enfant va apprendre à marcher.
La première, son périmètre d’action va prendre de la hauteur 😉 ! Tout ce que vous avez mis hors de portée de ses mains pourrait devenir accessible. Je vous invite donc à vérifier que tous les éléments que vous souhaitez garder intacts ainsi que tous ceux qui pourraient s’avérer dangereux soient mis « encore plus » en hauteur ou hors de sa portée.
La deuxième, les chutes sont intimement liées à la période d’apprentissage de la marche. Comme pour tout, les tentatives vont être nombreuses avant que votre enfant tienne parfaitement sur ces jambes. Durant le rampé et le 4 pattes, ’il/elle risquait de chuter uniquement s’il y avait une marche ou un trou. Maintenant qu’il/elle fait ses premiers pas, il est inévitable qu’il/elle chute de sa hauteur ! Je vous invite donc à rembourrer ou enlever tous les objets qui se trouvent à une hauteur entre le sol et sa tête ! Typiquement, les tables basses, les rebords de chaises et tabourets ou encore les pots de fleurs !
5 – Éviter les aides mécaniques de type trotteur et youpala
Abordons maintenant l’éternelle question des « outils » que l’on trouve en magasin, censé aider l’enfant à marcher.
D’un point de vue physiologique, ils sont plus une gêne qu’une aide. Pourquoi ? Parce qu’ils vont figer l’enfant dans une posture. Et si l’enfant ne prend pas spontanément ces positions, c’est que son corps et sa musculature ne sont pas encore prêts alors, ne forçons pas l’enfant !
D’un point de vue sécuritaire, ils sont la première cause de trauma crânien chez les moins de 15 mois, ce qui explique que beaucoup de professionnel.le.s du secteur médical mettent en garde contre ses objets qui peuvent être un danger pour l’enfant ! Il est même déconseillé par l’Alliance européenne pour la sécurité de l’enfant.
Pour plus d’infos sur le sujet, vous pouvez lire les articles « Pourquoi le youpala est interdit pour les bébés ? » et « Nous attirons votre attention sur les risques du Youpala ».
Vous l’aurez compris, en tant que psychomotricienne, je vous conseille très vivement de permettre à l’enfant de faire ses expériences en toute liberté avec le meilleur « outils » qui soit, c’est-à-dire son propre corps ! Tout objet extérieur viendrait freiner ses apprentissages et le gênerait plus qu’autre chose.
Des questions ? Des commentaires ? Laissez-les en bas de cet article, j’y répondrais avec plaisir !