Aujourd’hui, je voudrais aborder un sujet qui a déjà servi d’exemple dans plusieurs articles : le fait d’asseoir Bébé avant qu’il/elle n’arrive à le faire seul(e).
Pourquoi beaucoup de parents le font-ils ? Pourquoi beaucoup de professionnelles de la petite enfance déconseillent d’asseoir un bébé? Et comment faire pour accompagner un enfant assis très tôt à accepter de revenir au sol ? Voici quelques questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans ce nouvel article !
1- Pourquoi beaucoup de parents préfère asseoir leur bébé ?
La dernière maman à qui j’ai parlé des difficultés que rencontrait son petit garçon du fait d’avoir été assis très tôt – c’est-à-dire avant qu’il n’ait été capable de le faire par lui-même – m’a répondu qu’elle l’avait assis, car elle craignait qu’il ait mal aux bras.
J’ai aussi entendu des parents qui avaient peur que leur enfant s’ennuie sur le dos. Certains qui souhaitaient voir leur enfant marcher plus vite. D’autres qui reproduisaient simplement ce qui se faisait autour d’eux. Certains trouvent aussi qu’un enfant allongé toute la journée est trop proche de la saleté du sol. Il y a aussi ceux et celles qui craignent que l’enfant ait la tête plate à force d’être allongé.
En d’autres termes, pour beaucoup de parents – si ce n’est tous – asseoir un bébé alors qu’il/elle ne sait pas encore le faire seul(e), le font pour le bien de l’enfant – et sont réellement persuadés que cela va aider le bébé à mieux vivre cette période de sa vie où il/elle semble assez peu actif/ve d’un point de vue moteur.
2- Pourquoi beaucoup de professionnelles de la petite enfance déconseillent d’asseoir un bébé avant qu’il/elle ne le fasse seul(e)?
Beaucoup de professionnel(le)s qui s’y connaissent un tout petit peu dans le développement du petit enfant vous diront qu’il est très déconseillé d’asseoir un bébé qui ne sait pas encore le faire seul(e). Mais relativement peu en connaît les raisons. En voici quelques-unes :
A. le développement psychomoteur de l’enfant suit une évolution bien particulière.
Lorsque l’enfant réussit une étape, son corps est alors prêt pour l’étape suivante. Voici l’ordre des étapes principales :
- se retourner dos → ventre
- se retourner ventre → dos
- sur le ventre pousser sur ses bras
- ramper
- s’asseoir
- faire du quatre pattes
- se mettre debout
- passer de debout à assis
- marcher.
Si l’enfant est assis avant de savoir faire les étapes précédentes, son corps va devoir trouver le moyen de garder la position assise alors que ses muscles – notamment du dos et les abdominaux – n’ont pas eu le temps de suffisamment se développer.
« Comment changer de position un bébé qui tient sa tête, en vidéo » et « Changer un nouveau-né de position, en vidéo » vous montre des mouvements pour aider les enfants à changer de position de manière physiologique.
B. Asseoir ou non asseoir un bébé… Question de timing
L’enfant a besoin d’expériences motrices bien ordonnées pour intégrer convenablement ses réflexes archaïques.
C’est pour cela qu’un enfant ayant été assis très tôt risque plus d’avoir des difficultés scolaires et/ou de gestions de ses émotions qu’un/e enfant dont le rythme d’acquisition des mouvements a été respecté.
C. Asseoir un bébé très tôt = Complication non nécessaire
De tous les enfants assis par l’adulte que j’ai rencontrés dans ma carrière et dans la vie privée, aucun/e n’a accepté facilement de revenir au sol – sur le dos ou sur le ventre – avec joie et facilité. La conséquence est que l’enfant pleure souvent plus, car il demande à l’adulte de l’asseoir. L’adulte se retrouve alors plus souvent sollicité par l’enfant. Une fois assis, l’enfant n’est pas toujours à l’aise dans cette position et est donc moins actif/ve, ce qui l’amène à moins découvrir son environnement et donc à plus s’ennuyer et donc à plus demander la présence de l’adulte. Le cercle est bouclé.
3- Comment aider bébé à accepter de revenir au sol ?
Il est cependant possible d’aider un enfant à réapprivoiser le sol. Ce qui fonctionne en général assez bien – avec des enfants qui ne supportent plus d’être allongé(e)s au sol -est de positionner l’enfant entre vos jambes – lorsque vous êtes assis(e) au sol, jambes tendues et écartées -en position « chaise longue ».
- Petit à petit, vous amenez l’enfant en position allongée.
- Laisser l’enfant en position allongée aussi longtemps que celui/celle-ci l’accepte – le temps augmentera petit à petit
4- Quelques astuces pour accompagner son bébé dans la découverte de ses capacités motrices en temps et en heure !
Si vous vous retrouvez en présence d’un enfant qui a été assis très tôt et qui ne supporte plus d’être allongé au sol, vous pouvez commencer par ce que je décris en point trois de cet article. Vous pouvez également effectuer quelques massages qui vont aider l’enfant à ressentir différemment son corps – notamment son dos et ses jambes :
A. L’étoile
Toujours garder une main fixe sur le nombril.
- Une main au niveau du nombril
- L’autre main glisse jusqu’à la jonction gauche bassin/jambe,
- Appuyer
- Revenir au nombril
- L’autre main glisse jusqu’à la jonction droite bassin/jambe,
- Appuyer
- Retour au nombril
- Repartir jusqu’à la partie gauche entre l’épaule et le bras,
- Appuyer
- Revenir au nombril
- Repartir jusqu’à l’angle entre l’épaule et le bras droit
- Appuyer
- Revenir au nombril
- Repartir en glissant jusqu’à la base du coup entre les clavicules
- Appuyer
- Revenir au nombril
- Mettre une main dans le dos dans le prolongement du nombril – en face à face avec la main restée sur le nombril – appuyer
- Recommencer depuis le début
B. La promenade dans le dos
- Avec vos doigts exercez des petites pressions de chaque côté de la colonne vertébrale de l’enfant – un peut comme dans le jeu « la petite bête qui monte » – en partant du sacrum jusqu’à la base du cou
- Continuez le même genre de pression sur chaque bras simultanément de la base du cou jusqu’aux coudes
- Mettre vos mains bien à plat sur les flancs de l’enfant, exercez une petite pression en remontant vos mains vers les épaules puis en revenant à la position initiale– attention, il s’agit de remonter puis abaisser les mains en « amenant » la peau des flancs vers le haut puis le bas, ce n’est pas une caresse !
- Caressez – avec une pression qu’apprécie l’enfant – le dos de l’enfant en partant des épaules et en arrivant au bas du dos trois fois.
- Recommencer autant de fois que vous et l’enfant acceptez.
C–Bercements
Ce mouvement de va-et-vient provoque un balancement de tout le corps, notamment au niveau du cou et de la tête.
- Pieds au sol, genoux relevés
- Exercer un va-et-vient avec les genoux ou une pression des pieds sur le sol
- Continuer au moins 5 minutes
À vos claviers ! Donnez nous en commentaire votre réponse pour le petit jeu photo 😉 !
Aurélie