Discussion horizontale : Découvrez ici des techniques pour les mettre en place !
Cette vidéo est issue de la chaine YouTube Coopérative La braise.
Cette vidéo illustre entre autres l’article « Présentation et mise en place d’un conseil de famille en 10 points« .
Avez vous remarqué que dans un groupe, c’est tout le temps les mêmes qui prennent la parole ? Ce n’est pas seulement parce que ces gens ont plus de choses à dire, c’est surtout parce que les autres parlent moins.
Parfois, ces personnes sont timides. Mais pas nécessairement.
Les raisons sont souvent plus complexes que ça. En fonction de notre position dans un groupe, des inégalités présentes dans la société, on peut se sentir plus ou moins légitime pour prendre la parole.
Souvent, les gens qui, ont le pouvoir, parlent plus que celles et ceux qui ne l’ont pas. Dans une organisation, les nouveaux venus n’ont pas toujours la place pour s’exprimer. C’est aussi le cas des femmes, malgré le stéréotype trop répandu de la femme bavarde.
Si dans un groupe ou une réunion, par exemple, les gens peuvent prendre la parole comme ils le souhaitent aussi souvent qu’ils le souhaitent, alors rapidement, certains types de personnes vont monopoliser la parole.
Si le temps de parole collectif est d’une heure et qu’une personne parle pendant une demi heure, alors mathématiquement, logiquement, les autres n’auront qu’une demi heure à se partager.
C’est rarement conscient. Monopoliser la parole ou s’empêcher de la prendre, ça ne se fait pas volontairement et c’est pour ça qu’on vous propose un certain nombre de techniques pour poser des contraintes et pour organiser les prises de parole.
Ces méthodes vous permettront d’organiser, de partager, de distribuer égalitairement et facilement la parole dans un groupe.
Les tickets de parole :
On distribue un nombre égal de tickets aux différents participants.
Une prise de parole coûte un ticket. Et quand on n’a plus de ticket, on ne peut plus parler. Vous pouvez donner un, deux, trois tickets autant que vous voulez.
La parole devient alors précieuse. On va réfléchir avant de parler puisque ça nous coûte un ticket. On va moins répéter ce que d’autres ont déjà dit. On va essayer d’être plus constructif.
Le zig zag :
Commencé par repérer une caractéristique commune aux personnes qui parlent le moins dans un groupe. Ça peut être par exemple, les nouveaux dans une association. Vous divisez symboliquement votre groupe en deux, les nouveaux d’un côté, les autres de l’autre.
Ensuite, la parole s’organise en zig zag.
Une fois, un nouveau.
—
Une fois un autre.
—
Une fois, un nouveau.
—
Une fois un autre.
Avec cette technique, on s’assure que la moitié des prises de parole viendra des personnes qui, habituellement, parlent le moins.
La liste de paroles :
C’est une technique très connue dans les assemblées générales étudiantes. Lorsqu’on a quelque chose à dire, on lève la main et quelqu’un nous note sur une liste de parole. On prendra la parole les uns après les autres, dans l’ordre de la liste.
Cette technique a l’avantage de libérer l’esprit de la personne qui veut parler. Quand on a quelque chose à dire et qu’on n’a pas été noté sur une liste, on a tendance à se répéter en boucle ce qu’on veut dire et donc de ne plus écouter les autres.
Une fois qu’on a été noté, on arrête de penser à ce qu’on voulait dire et on est plus disponible pour écouter les autres.
On peut faire la même chose en autogestion :
sans quelqu’un qui serait responsable d’une liste.
Imaginez que j’ai envie de parler alors que quelqu’un est déjà en train de prendre la parole.
Je lève un doigt.
Si quelqu’un d’autre veut parler, il lève deux doigts.
Etc.
On a aussi une liste de parole visuelle et autogérée et personne ne se coupe la parole.
Le bâton de parole :
C’est une technique très connue qui consiste à matérialiser la parole par un objet. Souvent, c’est un bâton, mais ça peut être un ballon, par exemple.
La plupart du temps, on fait tourner le bâton de parole comme un tour de table. On parlera donc les uns après les autres.
Mais on peut faire différemment.
On peut par exemple décider de le donner. La personne qui a fini de parler donne l’objet à la personne de son choix et va ainsi solliciter des gens qu’on n’entend pas d’habitude.
On peut aussi visualiser l’historique des prises de paroles
en faisant tourner une bobine de fil. Chaque personne qui parlera tiendra le fils dans sa main et on aura ainsi une toile d’araignée qui va se dessiner entre les participants.
On verra d’un coup d’œil qui a beaucoup parlé et au contraire qui n’a pas parlé au lieu de faire tourner ou de distribuer l’objet de parole.
On peut aussi se lever et aller le prendre :
C’est engageant parce que physiquement, on se lève et tout le monde voit que l’on a quelque chose à dire. La personne va ainsi être incité à davantage réfléchir à ce qu’elle va dire.
L’effet psychologique est très efficace.
Annoncer sa prise de parole vient temporiser la discussion. On peut utiliser cet effet avec d’autres techniques très simples : mais étonnamment efficaces, qui consistent uniquement à annoncer sa prise de parole avant de parler : »je prends », « je laisse » avant de parler.
Une personne dit « Je prends » pour annoncer sa parole. Ensuite, elle parle librement et ne peut pas être interrompue jusqu’à ce qu’elle dise « Je laisse » pour libérer la parole.
Quelqu’un pourra alors la prendre à nouveau.
Le pop corn :
Avec cette technique, on parle librement, on peut même s’interrompre.
La seule règle est de dire « pop » avant de parler pour annoncer sa prise de parole, comme si on était un grain de maïs prêt à éclater dans une poêle.
Ces techniques ne sont pas des recettes.
On vous invite à les essayer, les réinventer, les utiliser si vous voulez et comme vous le voulez. En les adaptant en différents contextes. Et enfin, n’oubliez pas la technique la plus utile de toutes. C’est souvent de multiplier les espaces de parole.
Pour ça, il suffit de diviser un groupe. Par exemple, si un groupe a 1 h pour parler alors faire deux groupes qui parleront pendant 1 h, ça fera 2 h de prises de parole.
Aurélie Fresel