Bonjour !
Aujourd’hui j’aimerais vous parler des émotions des jeunes enfants, et les nôtres, et comment réussir à les « gérer ».
Pour cela, je vais m’appuyer sur la théorie de l’attachement et la Communication Non Violente . Je vous ai mis une vidéo de Marshall Rosenberg et un de ses livres en lien en bas de la page.
1. L’enfant et les émotions
Plus l’enfant est jeune et plus il ignore à peu près tout sur tout. Là où il/elle est vraiment fort(e), c’est pour vivre le moment présent, être dans les sensations. En vérité, un bébé ne perçoit le monde qu’à travers ses sensations. Au début, il ne sait pas à quoi cela correspond, mais il /elle sait que ce qu’il/elle ressent est réel.
En fonction des réponses que son entourage va lui donner, le bébé va petit à petit apprendre à associer sensations – qu’il/elle va petit à petit apprendre à comprendre puis nommer – et ce qui calme/modifie ces sensations. Par exemple, le biberon calme la sensation de faim, le câlin calme la sensation de peur, le changement de couche modifie la sensation autour de son corps… Bien sûr, le nourrisson ne sait pas encore mettre des mots, des termes sur tout cela, il est encore purement dans le sensoriel, le présent – alors que les mots permettent une distanciation du présent…
Du point de vue neurologique, le cerveau du bébé est très sensible aux hormones sécrétées lors de fortes émotions dites négatives. Si personne n’aide le bébé à calmer les sensations, causées par des émotions désagréables, son cerveau risque littéralement d’être blessé par ces hormones et d’avoir des difficultés à se développer pleinement par la suite.
Autre petit point de connaissance ; les enfants avant 5 ans – et encore, je vise bas – ne conçoivent pas que l’autre puisse ne pas savoir ce que lui sait – ils/elles n’ont pas encore accès à ce que l’on appelle la théorie de l’esprit. Pour eux, ce qu’ils/elles pensent, l’autre le pense et le sait, forcément aussi. D’où l’impossibilité de comprendre la notion de secret – à quoi bon ne pas dire quelque chose que tout le monde connait ? L’enfant pense que ses parents et ses amis savent ce que lui/elle-même pense, donc, pas besoin de l’exprimer.
Partant de ces postulats ; que faire quand un jeune enfant a une forte émotion ?
2. Que faire en cas de grosse émotion chez les enfants ?
Déjà, l’émotion court-circuite les capacités logiques, attentionnelles, exploratoires de la personne touchée – et c’est aussi valable pour vous et moi.
Donc :
- Oubliez de chercher à raisonner votre bébé. Il ne peut pas vous entendre. Étant dans le présent brut, il n’a pas la possibilité de comprendre ce qui lui arrive – il n’a pas encore suffisamment vécu pour comprendre que l’émotion va passer et que la sensation n’est pas dangereuse, même si elle est très désagréable.
- Tentez de trouver la source réelle de la détresse ou de la « trop » grande joie – ce qui peut être tout aussi désagréable – et intervenez directement sur la source de l’émotion si possible sinon passez directement à l’étape suivante 😉.
- Essayez de détourner l’attention de votre enfant.
- Rassurez votre bébé, en vous mettant à sa hauteur, en le/la prenant dans vos bras, en lui parlant doucement – c’est surtout le ton et le volume de la voix qui sont important à cette étape. Ici, vous serez son Gardien de l’Âme, le havre de sécurité où votre enfant peut venir se réfugier en cas de tempête. Il peut aussi être intéressant d’utiliser la respiration, sur le rythme de la cohérence cardiaque par exemple. Pour cela vous pouvez utiliser l’appli Respirelax; respirez en rythme avec votre enfant dans vos bras, cela peut l’amener à se calmer par « capillarité émotionnelle ».
- Une fois votre enfant calmé, une fois que son cerveau n’est plus noyé dans les hormones de stress, reprenez avec lui/elle ce qui vient de se passer. Mettez des mots sur ces émotions – et les vôtres si la situation s’y prête. Exemple, J’ai crié très fort parce que j’ai eu très peur. Je suis désolée de t’avoir fait peur. Ne sous-estimez pas l’importance d’exprimer vos émotions et vos pensées à votre enfant, cela lui apprendra à comprendre ses propres émotions et celles des autres. Ne sous-estimez pas non plus l’importance de la réparation; en reconnaissant vos erreurs – que nous faisons tous – vous permettez à votre enfant de grandir plus serein, sachant que le dialogue avec vous est possible.
Petite remarque : c’est quelques étapes peuvent très bien s’appliquer à nos propres débordements émotionnels.
Le saviez-vous ? Une émotion ne dure que quelques secondes. Lorsqu’elle dure plus longtemps, c’est parce que nous ressassons et réactivons l’émotion. C’est pour cela que les petits enfants sont facilement consolables : étant dans le présent en permanence, ils vivent l’émotion et passent à autre chose lorsque le problème n’existe plus ou que leur attention est portée ailleurs.
Pour aller plus loin, vous pouvez regarder c’est vidéos : « Crises » et « l’environnement« , « Au Cœur des Émotions de l’Enfant », « Les émotions « Et tout le monde s’en fout »« .
3. Mon enfant tape ou mord …
Si votre enfant tape ou mord, le principe est le même que ce que nous avons vu plus haut. Il/ elle n’est pas « méchant(e) » ni « vilain(e) ». Il/elle s’exprime via le corps, au lieu d’utiliser des mots. C’est à l’adulte de lui expliquer les règles du jeu de notre société : qu’il faut parler au lieu de taper ou de mordre. Cela peut vous paraître étrange comme remarque, mais si vous vous rappelez bien, les jeunes enfants n’ont pas du tout conscience que ce qu’ils/elles pensent n’est pas dans la tête de tout le monde. À quoi bon parler quand l’autre sait ce que j’ai dans la tête ? Comment ne pas être très en colère quand un « copain » ne veut pas passer son jouet alors qu’il « sait » à quel point nous le désirons…
Autre chose très frustrante qui peut expliquer qu’un enfant passe à l’acte au lieu d’exprimer verbalement ou disons de manière socialement acceptable, ses besoins : le manque de vocabulaire et le fait de ne pas réussir à se faire comprendre autrement. Je vous assure, c’est très très frustrant, surtout quand cela arrive plusieurs fois par jour.
Une dernière chose, ne pensez pas qu’il suffit de dire une fois à un enfant qu’il vaut mieux parler – et je précise que je parle de bambins commençant à parler – plutôt que de taper. C’est un concept très bizarre et assez incompréhensible pour un enfant. Il va falloir beaucoup de répétition et de temps – et je parle de plusieurs années – pour qu’il/elle comprenne le principe du « bien vivre en société ».
4. Le rôle du Doudou pour les enfants
Si vous avez cherché un peu ailleurs, vous avez dû voir un terme un peu barbare ; l’« objet transitionnel ». Mais qu’est-ce donc 🤔?
En gros, au début de sa vie, vous êtes, pour votre enfant ce que j’appelle son Gardien de l’Être. Il se sent en sécurité lorsque vous êtes près de lui/elle. Il/Elle peut jouer, rire et vivre tranquillement grâce à votre présence – pour de plus amples explications, vous pouvez vous inscrire à la newsletter et recevoir le texte sur le portage. Or, la vie fait que vous ne pouvez pas être 100% du temps avec votre bébé. C’est la vie – et heureusement, car c’est grâce à ces moments de séparation, dus à la vie et non à une mise en scène préméditée, que votre bébé va pouvoir forger sa propre personnalité.
Pour que votre enfant puisse construire sereinement une personnalité équilibrée, il faut qu’il soit le plus à l’aise possible lors des moments de séparation. Et c’est là que le doudou – ou objet transitionnel – a un rôle à jouer :
- Le doudou est comme une extension de vous-même, une transition.
- Une peluche, ou tout autre objet choisi portant l’odeur d’un parent, calme plus facilement un enfant qu’une peluche lambda.
- Une peluche ne fait pas forcément un bon doudou, c’est l’enfant qui choisit son doudou parmi les choix qui se présentent à lui.
- Jamais sans mon doudou ! Il rassure en cas d’inquiétude, aide à l’endormissement et console en cas de chagrin.
- Petite astuce : Laver un doudou est sacrilège, mais parfois obligatoire. Si vous avez la possibilité d’avoir deux doudous identiques, passez de l’un à l’autre régulièrement pour que votre enfant ne soit pas « sans doudou », ou avec un doudou n’ayant pas la « bonne » odeur, le temps du lavage. Attention cependant à ne pas mettre les deux doudous simultanément en présence de l’enfant… Il/Elle pourrait vouloir garder les deux ensemble… pour toujours.
- Le doudou est votre meilleur allié pour calmer les émotions fortes de votre enfant. Et je précise que par « allié », j’entends que vous restez tout de même auprès de votre enfant quand il en a besoin et que cela est possible.
Voilà une analogie qui vaut ce qu’elle vaut… un doudou c’est comme votre téléphone portable. Ça rassure quand c’est là et ça inquiète quand ce n’est pas à proximité.
Avez-vous déjà essayé la cohérence cardiaque pour calmer votre enfant ? Pourriez-vous nous en faire un retour ? Je vous invite chaleureusement à laisser un commentaire, les plus fréquents seront repris dans une prochaine agora !
Voici deux autres vidéos qui pourraient vous intéresser : »Je ne suis pas une girafe » et « Communication non violente« .
Aurélie