« J’ai rencontré un enfant qui, à mon sens, n’avait pas assez de limites de la part de ses parents. C’était épuisant ».
Cette phrase, je l’ai entendu d’une maman qui est, avec son enfant, dans une démarche d’éducation bienveillante.
Je me suis dit que la question de la bienveillance, du cadre et des limites pourrait faire un article qui vous intéresserait probablement.
Avant de commencer, je vous invite à (re)voir la série de vidéos sur le sujet.
1. Explication autour de la notion d’éducation bienveillante
La notion d’éducation bienveillante suppose que toute le(s) personne(s) qui joue(nt) le rôle d’éducateur.trice d’un.e enfant cherche à être au juste de son bien-être. Le problème que soulève cette notion de « bienveillance », c’est que deux personnes peuvent avoir une notion très différente de ce qu’est le « bien-être » et de comment y arriver.
Certains parents se retrouvent en difficulté, car ils et elles associent cette notion de bien-être à une absence de sensations et d’émotions dites négatives. Leur démarche est donc d’éviter que l’enfant les expérimente. Les parents cherchent à tout prix à éviter que l’enfant pleure, ressentent de la colère, de la tristesse…
2. Qu’entendons-nous par cadre, limites, règles ?
Ces notions de cadres, de limites et de règles ont fait couler beaucoup d’encre. Là encore, chacun. Y va un peu de son interprétation.
À mon sens, ces notions ont des nuances importantes à souligner :
- Le cadre amène une notion de délimitation. Il est permis de faire/dire… telle chose jusqu’à tel point. Au-delà de ce repère, l’enfant se trouve « hors cadre ». Donc en dehors de ce qui est habituellement permis. Un peu comme en randonnée : il y a des points de repère qui nous indique le chemin pour aller de A à B. Libre à nous de prendre un autre chemin, et d’en assumer les conséquences.
- Les règles véhiculent pour moi une notion plus rigide qui pourrait s’apparenter à « c’est comme ça et pas autrement ».
- La limite se rapproche du cadre dans le sens où il y a une notion de « frontière » entre permis et interdit. Je trouve que la « limite » véhicule la notion de « jusque-là ». Par exemple :
Limite : L’enfant est libre de jouer dans la cuisine tant qu’il ne se blesse pas.
Cadre : L’enfant est libre de jouer dans la cuisine s’il ne touche pas les couteaux, le four, les casseroles…
Règles : L’enfant ne joue pas dans la cuisine, il y a trop de choses dangereuses
3. L’avantage de mettre des règles claires
Le gros avantage de mettre des règles claires peut être compris quand nous utilisons la métaphore du touriste en terre inconnue. Quand vous arrivez dans un pays étranger, il peut être intéressant de savoir comment cette société s’est organisée.
Par exemple, au japon, il est très malpoli et malpropre de se moucher dans un mouchoir. En France, cela reviendrait à se moucher dans sa manche ou dans ses doigts.
Quand un enfant connait de manière claire les règles qui régissent la société dans laquelle il/elle évolue – que cela soit la maison, la crèche, l’école … – il/elle est plus à même de savoir comment réagir et fonctionner sereinement.
En absence de ces jalons, constituées par la règle, l’enfant et sa famille peuvent se retrouve en difficultés pour plusieurs raisons :
Pour l’enfant :
- Sentiment d’insécurité dû à un espace de possible « trop grand »
- Une utilisation des manifestations émotionnelles erronée : enfant qui peut par exemple pleurer pour obtenir quelque chose qui ne lui fait pas vraiment envie
- Difficultés d’adaptation à la collectivité
Pour les parents :
- Au bout d’un moment impression d’être « commandé.e.s » par l’enfant
- Sentiment d’être « coincé.e.s » quand l’enfant est en demande de quelque chose que le parent ne peut pas donner
- Sentiment d’enfermement : certains parents préfèrent également limiter un maximum les sorties pour éviter des « crises » et les regards extérieurs.
Remarque : Peu importe le nom qui est posé. Permettre à l’enfant de savoir ce qui est possible/permis de faire et ce qui ne l’est pas va l’amener à se faire une représentation du monde dans lequel il/elle vit.
4. L’éducation bienveillante est-elle compatible avec les règles, limites et cadres ?
Tout être humain – quelque soit son âge – a besoin de connaître les mœurs et coutumes de l’endroit où il évolue. C’est un fait neurologique qui exclut toute question philosophique et sociétale ; notre cerveau crée du sens de ce qu’il vit en permanence. Plus les personnes qui s’occupent d’un enfant lui procurent un sens via des règles/limites/jalons/cadres claires et stables, plus le cerveau de l’enfant aura une impression d’ordre et de logique et donc de sécurité.
Et plus un cerveau a un sentiment de sécurité, plus est en mesure de s’épanouir, d’apprendre et d’expérimenter la vie avec confiance.
Donc, oui, de mon point de vue, il est possible et souhaitable de proposer des jalons clairs aux enfants tout en restant dans la bienveillance.
Aurélie